[? 1578/9], Feb. 8. |
“Pourriez vous immaginer, Monsieur, que quelqu'autre regret se pourroyt égaler à cestuy cy que vous me donastes par voz dernières lettres, entendant par icelles que le péché en qui onques en ma vie encores ne tumbois me dust estre reproché. Je voy bien que voz pensées furent bien éloignées des miennes. Je n'auray jamais besoing d'estre reprins de ce qui va de l'honneur de prince, que je metz tenir pour sacré leur pacte, et n'ay eu pensée de le violer en chose de moindre conséquence, que si nous traictons aultrement, je me penseray indigne du renc que je tiens. Mais, Monsieur, il me semble que la faulte de n'avoyr conçeu ce qui fust de mon intention, vous a fort esgaré de ma volonté. Et le veulx attribuer plustost à l'envie qui vous tenoyt d'avoyr une meillieure response qu'à quelque mauvaise opinion, qu'[u]n qui tant m'aime vouldroyt retenir de mes actions. Et tant plus m'obligez davantage que par là. Je voy bien clayr la constance rare résider en vostre cœur, qui ne se diminue par quelqu'ombre d'ingratitude, qu'est asses de preuve pour m'assurer de vostre affection sincère. Oyez à ceste heure, s'il vous plaist; mon intention se fust que là où les articles furent conclues & donnés soulz condition que si je
pensoys convenable pour nous deux de passer outre, trouvant toutes les choses bien acommodées, alors les commissaires durent venir selon ma signification à vous & au Roy. Et voyant qu'il y avoyt de fort grande difficulté pour le faire agréable à mes subjects pour quelques respects desia récitez en mes dernières lettres, j'usoys de hardiesse en vostre endroyt de plustôt vous signifier la disposition de noz gens, que du tout rompre la cause, pensant que plustôt vous vous résoudriez, ou pour ne hazarder vostre repos, qui ne me pourroyt estre aise, ou, vous en contentant pour l'amour de moy, tant plus me vaincre d'affection; & aussi m'eusse je déchargé du faix qui aultrement m'eust esté importable, si à vostre arrivée vous l'eussiez trouvé au rebours de mon raport. Je n'ignore, mon trécher, que qulqungs (sic; quelques uns), entre lesquelz je me doubte de Simié, diront que il n'y a que deux ou troys qui me persuadent ces empeschements; croyez moy que si tout se considère que Simie vous peult dire, il n'y a ung de ceux que vous pouvez soupçonner qui tant mérite de tenir lieu en ma bonne grâce que je luy en doybs de partial affection. Je cognoys tout du long du jour qu'ilz sont hommes qui peuvent facilement deçevoyr. C'est assez à ung si sage que vous. Si ce texte ne s'entend, demendez-en, je vous supplie bien humblement, de nostre singe. Je vous promets que si j'eusse pensé qu'[u]ne telle paraphraze se dust faire sur ma texte, je me seroys plustôt tu[ée], & eusse parmis couler le temps perfix. Car vous sçavez, Monsieur, si vous eussiez volu retarder les commissaires, &, en considération des difficultés, n'aller plus oultre, alors les articles n'ussent rien vallu. Et sur vostre response, les articles se pourront parfaire. Si la cause ne se rompit tellement que ma requeste, se [ce] fust que vous prinsiez advis à qui résouldre, & non pour changer les articles, sans qu'il vous semb[l]ast expédiant pour ne vous livrer du négoce. Combien que pour moy, je m'assure qu'il me convenoyt de bien m'adviser premier qu'aller plus oultre, sans cognoistre vostre finale response : et en attendant laquelle, je finiray ceste lettre, avecq m'estre recommandé à vostre acoustumé bonne opinion de moy, suppliant le Créateur vous conserver tousjours en bonne vie & longue.—Faicte de Westminster, 8o de fevrier.” |